Le Club Qualité Construction 35 à l’ère du B.I.M.

Jeudi 16 juin, Jean-Yves Loury, président du Club Qualité Construction 35, a remercié les participants d’avoir répondu aussi nombreux – plus de quatre-vingt personnes – à son invitation et présenté son hôte « es BIM », Olivier Celnik, reconnu comme l’un des spécialistes des enjeux et des pratiques du BIM, avant de laisser la parole à Guillaume Brosset (agence Clenet Brosset Bnr) pour une introduction à l’ère numérique.

Après avoir présenté le logiciel informatique CAO DAO qui permet la conception et le dessin assisté par informatique mais aussi l’évolution de la table à dessin vers la saisie informatique, des calculs spécifiques relatifs aux structures, fluides et modélisation de comportement de bâtiment, thermique, effets du vents et enfin la traduction de plant en volumétrie, et insertion. Guillaume Brosset a évoqué l’aide à la commercialisation, l’organisation des plans en phase chantier par rapport aux armoires à plans, la levée des réserves sur tablettes, le paiement en ligne avec EDIFLEX et les appels d’offres dématérialisés et remise des documents administratifs.
guillaume brosset

Olivier Celnik (agence Z.STUDIO architectes, codirecteur du Mastère Spécialisé BIM à l’école des Ponts ParisTech – ESTP) a permis aux adhérents d’aborder cette démarche avec un mot d’ordre « soyons mobilisés et acteurs ».

C’est par des exemples concrets (futur lycée public de Liffré …), en développant le vocabulaire et les « 36 mots du BIM », en évoquant aussi les aspects économiques et juridiques qu’Olivier Celnik a permis à l’assistance d’appréhender la maquette numérique, de rassurer et de faire passer un message : tout le monde doit en prendre conscience, le BIM n’est pas là pour remplacer un outil, une personne ou remettre en cause une expertise acquise … C’est une manière de travailler différente qui vient en complément de l’existant : une véritable démarche.

Une société, quel que soit son collège d’appartenance, qui souhaite se lancer dans la logique BIM doit savoir qu’il est toujours possible de faire appel à des sous-traitants compétents en la matière en attendant d’être autonome sur le sujet ou travailler en groupement avec des personnes qui savent faire.
Le BIM c’est avant tout : 20 % de technique (logiciels, serveurs, format de fichiers) et 80 % d’humain (objectif, contrat, méthode, organisation, collaboration et confiance).

Un jeu de questions/réponses a permis à chacun d’échanger sur le sujet : faire que l’un des enjeux du BIM soit effectivement l’occasion de donner, à chaque acteur, du temps à la réflexion, à la concertation entre les différents acteurs. Olivier Celnik a pu le constater sur plusieurs projets : en travaillant ainsi, les acteurs peuvent agir au plus tôt.
A la question « le BIM donne l’impression d’un travail, d’une exigence supplémentaire. Comment la valorise-t-on ? Qui paye ? » Il a pu donner sa réponse fétiche « ça dépend » avant de préciser que certaines personnes sont prêtes à payer pour voir la « différence » mais qu’il s’agit avant tout d’être raisonnable car il n’y a pas de règles établies et de citer la bonne image donnée par Habitat 76 sur le sujet.
Quant à savoir si d’autres pays s’étaient engagés dans cette démarche, Olivier Celnik a cité les exemples de l’Angleterre où le BIM est obligatoire depuis le printemps 2016 ou les pays nordiques, Singapour et Monaco mais précisé que la France est davantage sur le développement d’une logique BIM en travail collaboratif.
A un adhérent qui évoquait la difficulté à tenir l’utilisation de la maquette 3D sur la totalité d’un processus, que cela demandait un énorme travail, notre intervenant a répondu par l’affirmative « mais qu’il voyait de plus en plus d’agences dans cette logique 3D et qui s’estimaient globalement bénéficiaires sur le projet même si cela avait été un peu plus long au départ », il y a de « nouvelles règles du jeu à inventer ».
Quant aux missions d’exécution, le BIM n’est pas sensé les remplacer.
P1020394-min

Le deuxième temps de la matinée a été consacré à une table ronde où trois adhérents sont venus faire part de leur expérience BIM :
– L’agence d’architectes a/LTA par le biais de Jean-Philippe Chojnacki, dessinateur, a présenté un retour sur le projet Urban Quartz et montré comment l’utilisation de la maquette 3D a simplifié la synthèse et permis de déceler les éventuels problèmes. L’ensemble des acteurs utilisent Tekla BimSight, tous ont accès aux mêmes informations et la totalité de la maquette est transférable dans ArchiCAD. Sur ce projet, le pilotage de la maquette est assuré par le bureau d’études Betom.
– Jean-François Renaud, directeur Betem Atlantique, a expliqué que son bureau d’études était aussi dans l’étape de la transition avec une filiale dédiée BETEM XD. Le management de l’intégralité de la chaine numérique commence au scan 3D. C’est une facilité qui est donnée aujourd’hui pour modéliser les bâtiments complexes quand il n’existe pas de documents informatiques suffisants. Il permet d’obtenir très rapidement toutes les grandes côtes. La première maquette que l’on monte et met en commun avec l’architecte est celle de la structure, puis les autres lots viennent se greffer. Cela optimise la phase conception en neuf ou existant et permet à l’entreprise de limiter les aléas sur le chantier (exemple de l’extension des stations du métro à Toulouse où tout ce qui aura été bien vu en amont facilite la réalisation et limite les aléas).
Il a rappelé que derrière ces logiciels, restait l’humain, et que les informations devaient continuer à être vérifiées.
– Anne Manier, adjointe au directeur technique chez Isore Bâtiment, a expliqué les différentes étapes du passage au numérique de la société (pour les activités d’enveloppes extérieures) depuis 2013, avec l’achat du logiciel REVIT. Les premiers projets suivis en BIM datent de 2015, depuis les avantages constatés sont : gain de temps, gain de fiabilité et rapidité. Il est prévu d’ici peu de développer le BIM sur chantier (utilisation du numérique par les équipes travaux – chantier pilote de la résidence l’Ormoie à Rennes) et une participation à un projet virtuel à La Rochelle pour le PTNB (plan de transition numérique dans le bâtiment).gwenaellecarfantan1

Ce projet est présenté par Gwénaëlle Carfantan (Etsb) : 37 acteurs réunissant tous les corps d’état (y compris des assureurs) soutiennent le développement du numérique autour d’un projet afin de montrer que l’on peut fonctionner en BIM (quel que soit le logiciel choisi) en corps d’état séparé. Le but étant d’aller jusqu’à la maintenance (pour les MOA). Il démarre officiellement le 1er juillet 2016 pour une fin en mars 2017.
Pour conclure cette matinée, Gaëtan Cerclé (Fbtp 35), animateur de la conférence, a rappelé que derrière le numérique il resterait toujours l’humain et convié l’assistance à un moment convivial.

P1020388-min

Les présentations des intervenants sont disponibles via la page « outils ».